Les forêts des îles Baléares

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Notre visite aux Baléares avait pour but d’aller visiter les ifs qui subsistent dans la chaîne de Serra de Tramuntana à Majorque. Les ifs sont en effet devenus très rares dans les îles de la Méditerranée, et j’ai d’ailleurs été surprise qu’il en reste encore aux Baléares !

 Mais la richesse naturelle et l’histoire complexe de l’archipel des Baléares nous ont amenés à visiter bien d’autres aspects, à Majorque comme à Minorque.

Ces deux îles, distantes de 80 km, diffèrent par leurs surfaces et leur géologie. Majorque couvre une surface de 3.620 Km², avec un relief complexe incluant une large chaîne de montagnes, la Serra de Tramuntana, dont le sommet le plus haut est de 1445m. En revanche, Minorque n’a que 702 km², avec un relief plus doux et un sommet qui n’atteint que 308m. Le climat de l’archipel est typiquement méditerranéen, avec deux périodes pluvieuses, l’une avec un été sec et chaud et un hiver doux. La température moyenne est 18°. Comme toutes les îles méditerranéennes occidentales (Corse, Sardaigne, Sicile), Majorque et Minorque ont un climat de type subhumide, même à basse altitude, à la différence des îles orientales (Crète et autres îles grecques, Chypre). Les deux îles n’ont que des rivières temporaires.

Les ifs de la Serra de Tramuntana

La population d’ifs est certes relictuelle : un total d’un millier, peut-être moins, éparpillés sur les versants humides de l’ubac (orientés au nord, donc à l’ombre) au-dessus de 500m d’altitude, dans les zones de falaise calcaire, où ils enfoncent leurs racines dans les diaclases, parfois jusqu’à les faire éclater. On peut cependant imaginer qu’ils seraient bien plus nombreux sans les activités humaines sur ces versants peu ensoleillés. Pour preuve, il y a plusieurs lieux dits portant le nom de Teix (qui signifie if) dans la montagne.

Les sites à if à Majorque. Ceux visités de Banyalbufar sont situés les plus à gauche de la photo. Donnée: Ignacio Abella

Un plan de sauvegarde des ifs des Baléares, mis en place par le gouvernement en 2004, a identifié les facteurs de risque des derniers ifs de l’île : tout d’abord les activités humaines destructrices, par les coupes de bois notamment pour des raisons ornementales liturgiques, mais aussi par les incendies provoqués pour régénérer les pâturages ; et enfin la pression des chèvres en liberté totale sur l’île. En second, le climat, devenu aride ces derniers millénaires, et qui s’accentue de nos jours. L’aridité de l’île affecte la capacité de régénération de l’espèce, car les semis nécessitent une ambiance humide.

Les actions de conservation se basent sur l’interdiction des feux dans la zone des ifs ; une aide à la régénération par protection des semis et l’humidification en cas de canicule, des repeuplements locaux, une protection contre les chèvres par l’engrillagement.

J’ai visité le site au-dessus du village de Banyulbufar en compagnie de naturalistes qui en assurent la protection et étudient leur distribution.

La famille Alberti protège les ifs de cette région de Majorque

Les ifs sont situés dans une propriété privée forestière de chênes verts, où les activités humaines ont cessé depuis les années 1960.

La forêt de chênes verts de la propriété est située en-dessous des premiers ifs. Mes usages traditionnels sont abandonnés depuis près de 60 ans. Depuis l’abandon de ces pratiques, la forêt s’est enrichie en bois mort et certains chênes sont déjà de belle taille.

Chênaie verte (Quercus ilex rotundifolia) anciennement exploitée pour le charbon (exploitation en ruine à gauche de la photo)

Les traces des activités traditionnelles de charbonnage y sont encore nombreuses : surfaces aplanies, structures de bâtiments ayant accueilli parfois jusqu’à 6 personnes d’une même famille, qui travaillaient en forêt entre mars et novembre.

Ancienne maison de charbonniers.

Les ifs se situent au-delà de 500m, sur les bords d’un vaste éboulis encore très actif. On voit de gros blocs parsemant l’éboulis et tombant régulièrement dans la chênaie en contrebas. Il n’y en a que 8, dont certains de belle taille. Ils sont probablement très vieux car la croissance des arbres est ici très lente. Tous portent des traces de coupes des branches. L’un d’eux montre une architecture de la canopée tout à fait curieuse, avec des axes parfaitement verticaux formant une série de pointes.

Cet if a une forme originale, que je ne m’explique pas, avec des axes terminaux en forme de petits ifs !
Vue par dessous de cet if étrange
Cet if est sans doute millénaire, il a poussé dans une fissure et a fait éclater la roche
Vue du versant à ifs, dans un éboulis encore actif, au-dessus de 500m
Les ifs s’infiltrent dans les fissures à l’abri de la prédation par les chèvres

Des grillages ont été mis autour des semis trouvés dans ces forêts, afin de les protéger contre les chèvres. Certains de ces semis, très petits (moins de 3 cm) sont restés stationnaires depuis plusieurs années, tandis que d’autres, poussant dans de meilleurs conditions de sols, ont atteint en moins de 10 ans plus d’un mètre. L’importance de l’abroutissement se mesure au fait que ces arbustes ne peuvent étaler leurs branches en dehors du grillage et poussent en chandelle.

Les grillages doivent être surveillés car ils ne sont pas très stables (éboulements) et grignotés tout autour par les chèvres

Un peu de géologie

Majorque, la plus grande des îles des Baléares, est constituée pour l’essentiel de calcaire, dans la partie montagneuse du nord, la Serra de Tramuntana. Sa richesse en karst est célèbre : les sommets des montagnes, non forestiers, recèlent nombre de plantes endémiques. Et dans les profondeurs de ces montagnes, on peut visiter de superbes grottes, comme celle de Campanet au nord est de l’île, que j’ai visitée, et qui rassemble des stalagmites et des coulées spectaculaires.

Grotte Campanet
Grotte Campanet

Minorque, malgré la modestie de son relief et de sa surface, est connue pour la richesse de sa géologie. Cette île est divisée en deux régions géologiques très différentes qui se côtoient sur toute la longueur de l’île, Tramuntana et Migjorn. La zone de Tramuntana, située au Nord, présente les matériaux les plus anciens, montrant un littoral accidenté de roches fracturées et plissées, très irrégulier et accidenté, de nombreux promontoires et criques de sable rougeâtre ou foncé.

Les curiosités géologiques que nous avons visitées sont le cap Favaritx, aux roches noires luisantes, datant d’environ 290 millions d’années

Roche noire luisante du cap Favaritx
Les rivages de ce cap Favaritx sont riches en posidonies desséchées : cette algue est un indice de pureté des eaux. Elles s’accumulent une fois morte sur les rivages sur au moins un mètre

Le Pont d’en Gil, une impressionnante arche naturelle, où de nombreux amateurs de photos spectaculaires se rendent au coucher du soleil

Le Pont d’en Gil près de Mao, la capitale de l’île
Le coucher du soleil est attendu par une foule de photographes!

Le cap Cavalleria tout au nord de Minorque est entouré de paysages agricoles faits de grands murets de pierre sèche.

Paysage agricole riche en murets de pierres sèches, une activité très développée aux Baléares

Un tour à la Cala Morell, côte nord/ouest de l’île, présent une faille spectaculaire entre deux couches géologiques très différentes : un conglomérat miocène (de 23 à 3 millions d’années) qui remanie de gros galets du Permien (de 298,9 et 252 millions d’années),  de couleur rouge sombre, et une falaise datant du Jurassique (entre 201 et 145 millions d’années).

Premier plan dans les tons rouges, le conglomérat miocène plus au fond, les dolomies du jurassique
Conglomérat face à la falaise de calcaire. Une seule plante a réussi à pousser au sommet !
Certains galets sont tout simplement magnifiques
Galet miocène aux formes suggestives

La région de Migjorn, au sud de l’île, est formée principalement de roche calcaire formant un plan presque horizontal avec d’importantes falaises et de longues plages de sable blanc ouvertes.

Cala touristique de sables blancs au sud de Minorque

Les paysages originels 

Les premières sociétés humaines sédentaires identifiées datent autour de 3e millénaire av. J.C. (soit  2070 av. J.C.). Les îles Baléares (Minorque et Majorque) ont donc été les dernières îles de la Méditerranée à avoir été conquises par l’homme !

Le paysage était alors bien différent : une couverture forestière continue, dominée par le chêne vert (Quercus ilex type rotundifolia, plus petit que le chêne vert type Quercus ilex) et secondairement par le pin d’Alep (Pinus halepensis, variété endémique caeciliae).

Houppier de chêne vert rotundifolia. Cet arbre a été cépé dans le passé.

Le chêne vert n’est dominant que dans les îles méditerranéennes de l’ouest de la Méditerranée, des Baléares à la Corse et à la Sardaigne).

Le pin d’Alep était un composant important à Majorque au cours de l’Holocène, avant l’arrivée de l’homme, et spécialement bien adapté aux environnements côtiers, où il tolère bien salinité et vents violents. On trouvait sans doute des ifs, quoiqu’aucune donnée palynologique ne l’atteste. Le pollen est en effet difficile à différencier d’autres formes de vie. Mais il existait forcément sans disparaître lors des glaciations, au vu du climat resté doux de l’île.

Tout comme la vigne sauvage (Vitis sylvatica ssp sylvestris) présente dans les diagrammes palynologiques. Il en reste d’ailleurs aujourd’hui dans certains ravins de Majorque.

Une autre espèce resté présente sur l’archipel sur une période encore plus longue (5 millions d’années !), le palmier nain (Chamaerops humilis). On trouve à Majorque dans la serra de Tramuntana et au nord de la Serra de Llevant, sur les falaises et les zones rocheuses.  Il est également présent sur la côte est de la péninsule ibérique et dans d’autres îles méditerranéennes (Sardaigne, Sicile et anciennement Malte).

Les paysages anthropisés actuels : bien moins forestiers et plus arides

Victimes des déforestations, le chêne vert (type rotundifolia) ne s’est à l’état de forêt continue qu’autour de certains sanctuaires, dont le plus célèbre est celui de Llucq dans la Serra à Majorque, où il constituait un bois sacré déjà avant la chrétienté.

Le sanctuaire de Llucq
Le sanctuaire de Lluc avec la vierge noire
Bois sacré de chênes verts autour du monastère
Ce à quoi ressemblaient les forêts primitives des Baléares ! Serra de Majorque

Mais la forêt reprend ses droits dans les anciennes cultures, notamment par le pin d’Alep, très dynamique et qui occupe actuellement plus de 50% des forêts de Majorque. Mais ils sont ensuite remplacés par le chêne vert. Les oliveraies les plus éloignées des villages sont ainsi envahies par ces deux espèces, qui colonisent les terrasses en ruine.

Ce site de Sant Salvador est retournée à la forêt, ici le pin d’Alep
Le chêne vert est également un bon colonisateur de certains versants de Majorque

L’amour de l’olivier

Les majorquins sont particulièrement sensibles à la beauté des oliviers, et conservent de vieux spécimens non seulement dans les oliveraies mais aussi dans les villes à titre de décoration.

Magnifique oliveraie de Majorque, qui demande un travail considérable. Mais ces paysages se font rares
Olivier décoratif, très âgé, Majorque
Les vieilles oliveraies avec arbres tordus par le recépage, sont nombreux aux Baléares

Quelques visites de sites préhistoriques

Les premières sociétés humaines sédentaires identifiées datent autour de 3e millénaire av. J.C. (2070 av. J.C.). Les îles Baléares (Minorque et Majorque) ont donc été les dernières îles de la Méditerranée à avoir été conquises par l’homme.

Ces société ont évolué depuis l’Age du Bronze (entre 1600 à 1000 av. J.C. ) avec des échanges entre îles et continents proches. La dernière culture est dite talaiotique et date de l’Age du  Fer (entre 850 et 550 avant J.C., suivi par une dernière culture, dite post-talaiotique, qui se termine par l’arrivée des Romains en 123 av. J.C.

Les sites préhistoriques sont particulièrement abondants sur Minorque (cf carte des sites préhistoriques : légende : les sites préhistoriques peuvent être des villages, des nécropoles le long des falaises, des grottes présentant des traces d’occupation)

Liste des sites préhistoriques sur Minorque : une des concentrations les plus denses au monde !

Les sanctuaires talaiotiques datent des derniers siècles av. J.C. (500 à 123 av . J.C.).  Les structures d’habitats sont de type monumental, proches de ceux des autres îles méditerranéennes. Nous avons visité quelques uns de ces sites. Les talaiots ont une destinée religieuse, impliquant des libations et des sacrifices autour d’un feu afin d’honorer des divinités, ainsi que l’attestent les données archéologiques (présence de cendres, d’ossements animaux, et des fragments d’amphore.

Le village talayolitique de Trepuco : Ce site de Trepuco date de l’époque post-talayotique (-550 à -123 avant J.-C.).

Il s’étend sur plus de 5.000 m2 près de Mao. C’est un des plus grand de Minorque. Il faut lui aussi partie des 32 monuments en lice pour être reconnu au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Il fut construit il y a plus de 3000 ans et partiellement détruit lors de la seconde guerre punique. Les taulas correspondent à deux énormes pierres posées l’une sur l’autre, en forme de T, On a en effet retrouvé à leur pied des cendres et des os d’animaux.

Quant aux talaiots (tours de forme arrondie,  et de profil tronconique vraisemblablement utilisées pour la surveillance), des maisons y sont présents.

Talaiot, Trebuco

Une histoire singulière : celle de Myotragus balearicus, la chèvre endémique des Baléares

Cette espèce fait couler beaucoup d’encre et a stimulé la recherche scientifique, au vu du nombre d’articles parus à ce sujet !

Les ancêtres de la chèvre ont colonisé Majorque au cours du Messinien, entre 5.7 et 5.35 millions d’années, lorsque la mer Méditerranée s’était asséchée suite à la fermeture du détroit de Gibraltar.

Lors de la fermeture du détroit de Gibraltar, il y a 5 millions d’années, la Méditerranée est devenue une série de lacs hypersalés. Les Baléares étaient alors rattachés à l’Espagne. La mer est revenue un million d’années plus tard.

Ces ancêtres ont évolué jusqu’à donner l’espèce holocène Myotragus balearicus. Sa petite taille (50 cm), son petit cerveau, des organes sensoriels réduits et une longévité importante sont interprétés comme des adaptations au milieu insulaire relativement pauvre en ressources et ce durant des millions d’années. Quant à la vision très particulière de l’espèce uniquement frontale (qui empêche de voir de côté), et des doigts en position verticale, partiellement fusionnés (qui augmentent la stabilité de la course, mais empêche de courir très vite) ce sont des adaptations liées à l’absence de prédateurs. Inutile de surveiller l’horizon par une vision élargie, et de courir très vite, s’il n’y a aucun danger !

Myotragus balearicus
Le squelette de Myotragus balearicus, musée de Majorque

Mais ces particularités, qui ont aidé Myotragus à vivre des millions d’années sur les îles des Baléares, ont signé sa fin rapide, lorsque l’homme a mis le pied sur les îles (entre 2830 et 2210 av.J.C.), car cette espèce est incapable de fuir, puisqu’ elle n’avait aucune réaction de fuite. Notons que cette petite chèvre qui se nourrissait du palmier nain, a permis sa dispersion dans l’île de Majorque. Depuis sa disparition, ce sont surtout les chèvres qui le font.

L’homme est également responsable de la disparition d’un rongeur géant (un loir) et d’une musaraigne. Ces extinctions insulaires liées à l’arrivée de l’homme sont générales sur la planète. Elles sont été très étudiées dans les îles méditerranéennes.

Ce rongeur était bien plus grand que les lapins actuels. Dans les îles, les animaux de petite taille grandissent lorsque le milieu n’a pas de prédateurs

En conclusion

L’histoire préhistorique des Baléares s’arrête avec la venue des Romains en 1213 avant J.C. . Implantée favorablement entre Afrique et Europe, cet archipel a en effet connu une histoire humaine complexe, faite de batailles et de reconquêtes, et ce jusqu’à nos jours.

Alors, réduire, comme je le pensais tout d’abord, les Baléares à une destination touristique agréable est extrêmement réducteur. Georges Sand et Frédéric Chopin, installés durant 4 mois d’hiver à Majorque, et qui ont été parmi les premiers touristes de Majorque, ne l’avaient pas bien compris au vu des écrits de Sand. Mais ils restent dans l’esprit des majorquins un événement particulièrement marquant, et qui attire … des flots de touristes, intéressés de voir où ont séjourné ces deux célébrités françaises.

Le monastère de Valdemossa dans la Serra, Majorque.
Vue sur le monastère de la chambre de Georges Sand et Frédéric Chopin
La très grande taille de ces deux mannequins, représentant Georges Sand et Frédéric Chopin, reflète l’importance accordée à ces deux artistes par les Majorquins

Les valeurs culturelles et naturelles des deux îles sont reconnues par divers titres de protection, depuis déjà près de 30 ans pour certains. Minorque est une réserve de biosphère depuis 1993 et inclut plusieurs sites protégés : 5 réserves naturelles et un parc national. Majorque comprend une trentaine de sites protégés à divers titres.

J’ajouterai pour conclure que j’admire depuis longtemps le sérieux des Espagnols : des Canaries aux Baléares, et dans toute l’Espagne, l’information destinée au grand public est d’une grande qualité, tant sur les sites que dans les musées. A mon avis, ce sont les plus efficaces dans ce domaine en Europe.

Références

  • Barbero Marcel, Loisel Roger, Quézel Pierre. Les essences arborées des îles méditerranéennes : leur rôle écologique et paysager. In: Ecologia mediterranea, tome 21 n°1-2, 1995. Connaissance et conservation de la flore des îles de la Méditerranée. Ajaccio, Corse, France (5-8 octobre 1993) pp. 53-69.
  • Bover, P., Llamas, B., Mitchell, K. J., Thomson, V. A., Alcover, J. A., Lalueza-Fox, C., … & Pons, J. (2019). Unraveling the phylogenetic relationships of the extinct bovid Myotragus balearicus Bate 1909 from the Balearic Islands. Quaternary Science Reviews, 215, 185-195.
  • Picornell-Gelabert, L., Servera-Vives, G., Marco, Y. C., Burjachs, F., Currás, A., Llergo, Y., … & Amézquita, M. M. (2021). Late Holocene Aleppo pine (Pinus halepensis Miller) woodlands in Mallorca (Balearic Islands, Western Mediterranean): Investigation of their distribution and the role of human management based on anthracological, dendro-anthracological and archaeopalynological data. Quaternary International, 593, 346-363.
  • Quintana, J., Bover, P., & Ramis, D. (2003). Cronologia de la desaparició de Myotragus balearicus Bate 1909 a Menorca. Endins: publicació d’espeleologia, 155-158.

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