La péninsule antarctique, un merveilleux paradis blanc

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Au petit matin, la baie Paradis

J’a pu m’offrir un voyage par bateau dans la péninsule antarctique, à l’autre bout du monde donc, grâce à un déficit de voyageurs : le prix était nettement diminué ! Le seul souci, un Noël loin de l’ambiance familiale. Mais une fois n’est pas coutume ! Je suis donc partie avec l’agence Grand Nord Grand large en décembre 2012, curieuse d’admirer de près d’immenses étendues blanches, une mer parfois démontée, un volcan, et des animaux incroyables, qui survivent dans ces milieux extrêmes.

La partie antarctique visitée est située en haut à gauche de la carte

Le départ se fait à partir d’Ushuaïa, tout au sud de l’Argentine, et sur le bateau Ortelius le 14 décembre au soir, par temps calme. Toute la soirée nous longeons le célèbre canal Beagle, longé par Darwin et Magellan, à quelques siècles d’écart. Le jour suivant, nous sommes entrés tôt dans la journée dans la mer de Hoces ou passage (ou détroit) de Drake, large bras de mer qui sépare l’extrémité sud de l’Amérique du Sud et l’Antarctique, entre le cap Horn en Terre de Feu et les îles Shetland du Sud en Antarctique. La vision du cap Horn est pour moi un grand moment !

Le Cap Horn en arrière plan. Très émouvant de quitter le bout de l’Amérique du Sud !

Le 16 décembre débute la traversée vers l’Antarctique, et par chance sans vagues trop houleuses. En approchant des îles Shetland, une baleine à bosse tourne autour du bateau pendant plus d’une heure. Elle saute régulièrement en l’air, parfois jusqu’au-delà de la tête et replonge vigoureusement en nous faisant admirer sa queue. À ce moment, les baleines à bosses arrivent en Antarctique pour se nourrir de krill.

On nous débarque sur une île dénommée Aicho, où il neige, afin d’y observer deux espèces de manchots : le manchot papou (Pygoscelis papua) (deux photos à droite ci-dessous) et le manchot à jugulaire (Pygoscelis antarcticus) (à gauche photo ci-dessous), avec collerette noire sous le menton. Ces deux oiseaux étonnants nichent en plusieurs petites colonies sur l’île où ils cohabitent de manière lâche sur un même site. Plusieurs individus errent sur les collines. La plupart couve sur des nids. J’observe un accouplement dans un nid : le mâle montant la femelle au-dessus du nid, et un passage d’œuf dans le couple. Cela se fait de manière lente et précautionneuse, et j’ai le temps de voir les deux œufs jaunes du manchot papou. Quand ils émettent des cris, le cou tendu, toute la petite colonie se manifeste.

Les manchots ne sont pas farouches et s’approchent tout près des hommes, lors de leurs marches entre mer, nid et collines. Certains individus sont proches de l’eau et y plongent de temps en temps. Dans une des colonies de manchot papou, un oiseau tout blanc inspecte le sol. Il s’agit du Chionis blanc, qui se nourrit des fécès des manchots.

A 9h30 du soir, le bateau longe de magnifiques glaciers et montagnes à roche noire avec couches de neige épaisses, tout colorés en jaune par le soleil. Une dizaine de baleines à bosse parcourt ce site : on ne voit que les jets d’eau, qui se suivent à la queue leu leu, s’arrêtant dans un coin, repartant dans un autre. De temps en temps, on perçoit un dos.

Après une heure d’observation des manchots, chaque petit groupe fait une sortie en zodiaque au milieu des icebergs, longeant de magnifiques falaises de glace, de plus de 30 m de haut, toute bleues.

Des manchots se risquent à plonger entre les icebergs.

Nous avons vu les trois espèces de phoques : le léopard de mer (cf les deux photos ci-dessous) qui dort sur un iceberg et loin d’être farouche, un phoque de Weddell, et un phoque crabier.

L’après midi nous ressortons vers 15h pour mettre pied sur le continent même. Face à un glacier qui tombe dans la mer, se trouvent plusieurs colonies de manchots papous. Les manchots se sont construits de petits sentiers assez profonds et montent et descendent à la queue leu leu.

D’autres sorties sont faites les jours suivants, mais le plus beau est certainement les vues prises à partir du bateau, quand il fend la glace au petit matin. Tel est le cas lorsque le bateau passe par le canal Lemaire, partie étroite entre de hautes montagnes : la vue est extraordinaire, de ces grandes montagnes englacées tombant dans une mer bardée d’icebergs ! Le plus beau est sans doute la traversée de la baie Paradis, cul de sac montagneux où se déversent plusieurs glaciers, qui déversent chacun de petits icebergs. Des manchots parcourent les eaux en petits groupes, parfois des cormorans.

Certains sont de véritables monuments âgés de plusieurs siècles.

Nous avons eu de la chance avec le temps : selon les guides, c’est tout à fait exceptionnel : beau sans vent sans brouillard, ce qui a permis d’admirer les paysages durant les 8 jours.

L’île de la Déception: un volcan actif occupé par les baleiniers jusqu’en 1970

Le bateau navigue toute la nuit pour quitter la péninsule antarctique et se diriger vers les îles Shetland. Au matin vers 6h30, nous rentrons dans l’île de la Déception, volcan encore actif (une éruption tous les 35 ans, la dernière en 1970).  Le bateau pénètre dans la caldeira et nous dépose sur ses bordures, d’où s’échappent des fumerolles.

Entrée de l’ancien cratère de l’île de la Déception

Les manchots sont bien présents !

Des coulées de boue ont dévasté les anciennes installations humaines en ruine qui ont servi de base pour les baleiniers entre 1930 et 1970. En 40 ans, environ 9 millions de baleines ont été massacrées, leur huile brûlée et envoyée en Europe. Plusieurs squelettes de baleines sur le site sont conservés pour le souvenir d’u passé peu glorieux de tels massacres. Certains navires faisaient les transformations sur le bateau dans la caldeira, pour ne pas payer de taxes, d’autres utilisaient les bâtiments et des cuves, actuellement toutes rouillées. L’énergie utilisée pour brûler l’huile n’était pas celle du charbon qui était dans les navires, qui servait à d’autres usages : les hommes utilisaient l’huile des manchots à jugulaire qui vivaient en vastes colonies derrière une des collines !!

Le commerce des baleines a cessé après 1970 lorsque le prix de l’huile a suffisamment baissé pour que ces travaux ne soient plus rentables. En outre, cette année là, il y a eu une éruption volcanique qui n’a pas fait de victimes. Les rescapés ont été sauvés par hélicoptère. Au début de l’éruption, les bateaux avaient ordre de quitter immédiatement les lieux, avant que la caldeira ne s’effondre, même s’il restait des hommes dedans.

Les deux croix que nous voyons sur le terrain ont été posées ici à titre de mémoire, car il n’y a pas de corps enterré dessous. En fait, le vrai cimetière qui a recueilli les corps des baleiniers se trouvait au-delà de cette petite baie, mais une grande partie a été emportée par la coulée de boue lors de l’éruption volcanique.

Ce Voyage dans l’univers des glaces a été fascinant, et m’a laissé bien des regrets. Notamment celui de ne pas pouvoir visiter les volcans en activité de l’intérieur de l’Antarctique !

Cet article a 5 commentaires

  1. Michel

    Vous me faites regretter d’être vieux, invalide… et frileux. Merci de me faire rêver.

    1. Annik Schnitzler

      en tout cas vous avez de l’humour !
      je suis heureuse que mes textes vous plaisent !
      Bien à vous
      Annik Schnitzler

  2. Despernet

    Superbe reportage merci pour ce récit

    1. Annik Schnitzler

      merci ! c’était un de mes plus beaux voyages

  3. HERTOGHE

    Magnifique reportage, j’ai eu la chance de faire une croisière en Antarctique en 2017, je devais y retourner en Novembre 2022,mais problèmes de santé m’ont obligée à l’annuler mais mon rêve est d’y retourner tellement c’est beau. Merci.

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