La grotte du Cerf se situe sur la commune de Tharaux (Gard), à l’entrée des gorges de la Cèze. Sa découverte remonte aux années 80 par un chasseur. Son entrée est discrète, dans un maquis dense, sous lequel elle se développe sur 500 m et atteint une profondeur de 65m. Mais, pour des raisons de protection du site, aucune description de cette grotte n’a été publiée, et ses coordonnées ne sont pas communicables.
J’ai visité cette grotte le 5 août 2020 en compagnie de spéléologues régionaux, menés par Michel Chabaud, un des découvreurs de la grotte Chauvet.
La petite troupe de spéléologues se rend dans le maquis, pour pénétrer dans la grotte par cet orifice discret où débute la visite de la grotte du cerf.
Le parcours dans cette grotte est plutôt sportif.
Au cours de ce parcours, loin d’être facile, nous avons pu admirer de superbes concrétions excentriques et formes d’érosion, des « perles », des stalactites en chapelet.
Autre curiosité, que je ne me lasse pas d’admirer : la présence de nombreuses racines, notamment du chêne, qui arrivent à pénétrer aussi loin dans la roche par les fissures.
Les racines pénètrent profondément dans la grotte à la recherche d’eau et de sels minéraux. La plupart de ces racines sont vivantes.
Une des parties les plus difficiles à atteindre était l’étroiture descendante (qu’on dit de type sélectif, car rédhibitoire pour certains !) : 3m dans un passage très étroit et contourné, on y est coincé de toutes parts, et on débouche au plafond d’une salle par le haut. Il faut descendre sur 3m grâce à une échelle pour atteindre le plancher.
Mais cela en vaut la peine ! On aboutit dans une salle à moitié envahie par une pente d’éboulis, qui provient de l’ancienne entrée de la grotte : au vu de la cote, il y a au moins une quinzaine de mètres entre le bout de la salle et l’ancien orifice).
Cette entrée a été fermée, comme beaucoup d’autres grottes, par un processus de glissement des gélifracts (pierres éclatées par le gel lors de la dernière période glaciaire) et d’argile, qui ont progressivement colmaté l’entrée primitive.
C’est par là que gisent les ossements de grands mammifères, qui sont soit tombés dans l’entrée originelle, soit ont été apportées par un prédateur, entièrement ou par quartiers, pour les consommer.
Les débris d’ossements sont en effet nombreux. Ils ont été déplacés par les visiteurs de la grotte (cf photo ci-dessous). Parmi ceux-ci se trouve un fémur d’aurochs ou de bison (centre de la photo, au premier plan).
Fort heureusement, la pièce maîtresse de cette salle, une magnifique tête de cerf élaphe, est restée sur place, car fortement calcifiée.
Cette photo faite par Patrick Lenoble reflète bien l’extraordinaire impression qu’on ressent à la vue de ce magnifique crâne calcifié de cerf, tombé en bas de l’éboulis fossile.
La datation a estimé l’âge de l’animal à 40 000 ans (Lab Dr. Irka Hajda, Laboratory of Ion Beam Physics HPK H25 Otto-Stern-Weg 5 CH-8093 Zürich). Cette période correspond à la fin un interstade wurmien, d’où une légère amélioration climatique lors de la glaciation du Würm. En effet, le Cerf élaphe du Pléistocène est associé aux périodes les moins froides : il est donc mieux représenté durant les moments les plus tempérés. Mais Il faudra attendre le réchauffement tardiglaciaire, et particulièrement le Bölling (14 600 BP), pour que ses populations se développent à nouveau.
Remerciements
Je remercie chaleureusement Michel Chabaud pour cette visite dans le monde souterrain. Un grand merci aussi à Michel Wienin pour les discussions ultérieures et les précisions géologiques.
Magnifique merci pour la balade pourvus que ces cittes restent inaccessible et éternel