Les forêts de Bretagne

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Forêt en libre évolution, Saint Gilles-Vieux-Marché. Photo Yannick Morhan

La Bretagne est traditionnellement une région de landes et de bocages et non de forêts, car le taux de boisement reste plutôt faible par rapport à la moyenne nationale (8 à 9% en 1970). Toutefois, il augmente régulièrement par déprise agricole depuis une cinquantaine d’années jusqu’à 14 % en 2015. Les principaux massifs boisés se trouvent à Paimpont entre Côtes d’Armor et Morbihan, et Huelgoat dans le Finistère. Les associations forestières qu’on y observe sont des hêtraies chênaies et des chênaies, en fonction des microclimats locaux et des sols. Les aulnaies à frêne frangent les cours d’eau et les ormaies et les frênaies quelques sites en bord de mer.

La consultation des cartes IGN de Bretagne frappe par les lieux-dits forestiers faisant référence au loup. Selon les historiens, l’abondance passée du loup s’explique par un morcellement très important qui multiplie les lieux dits, mais aussi une présence réelle à fortes densités de l’espèce, particulièrement vers l’ouest de la région. Le loup (et sans doute aussi les chiens errants) y était favorisé par la structure paysagère en bocages, riches en cachettes et en proies domestiques faciles à attaquer.

Ille-et-Villaine

Dans ce département, se trouve la forêt de Paimpont, et une partie de la forêt du camp militaire de Coetquidan.

Paimpont : aux confins de l’histoire et de la légende

La forêt de Paimpont, la plus vaste de Bretagne avec ses 7500 hectares, domine les régions avoisinantes du haut de ses 255m (pour le point le plus élevé). Cette altitude relative en fait un obstacle aux vents d’ouest et occasionne une forte pluviométrie (1000 mm par an).

Cette carte montre la situation de la forêt de Paimpont et au sud le camp de Coetquidan, qui lui n’était pas forestier il y a 130 ans, mais cultivé sous forme de paysages de bocage.

Le substrat géologique est constitué de schistes pourprés d’âge cambrien et de grès armoricain, qui donnent des sols acides et imperméables à cause de couches d’argiles interposées. Les sables ferrugineux (riches en fer) fréquents dans ces sols expliquent qu’il y ait eu durant des siècles une industrie du fer. Le bois a été très utilisé pour cet usage, de même que le réseau hydrographique. En effet, de nombreux ruisseaux et petites rivières ont été barrés pour y créer des étangs artificiels destinés à fournir l’énergie hydraulique. Il en existe une quinzaine en tout, dont la plupart ont 300 ans d’âge. Il est évident que ces activités ont fortement impacté le fonctionnement forestier.

Mais la célébrité de Paimpont vient surtout de l’existence de légendes. Paimpont est considéré comme une relique de l’antique Brocéliande, la vaste forêt originelle défrichée au cours du Haut Moyen Âge. Symboles d’une nature archaïque, ces légendes ont été utilisées pour fasciner et attirer les touristes du XIXe siècle. On y a inventé une topographie locale qui aurait été le témoin des amours de Merlin et la fée Viviane, et des aventures du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, errant dans cette forêt mythique à la recherche d’un château invisible.

Il est vrai que l’étendue forestière et sa topographie doucement ondulée, riches en vallons et petites rivières sont de beaux atouts qui inspirent l’imagination… mais qui s’accommodent avec les usages actuels très pragmatiques des lieux ! La forêt de Paimpont est en effet gérée en sylviculture relativement intensive par des propriétaires privés, avec parfois des plantations de pins, donc très différentes des forêts naturelles. Toutefois, il reste encore quelques belles portions comme on peut le voir de la route, même s’il manque de très gros chênes et quelques belles rivières de fonds de vallon.

J’ai visité certains lieux vantés par les manuels touristiques, comme le chêne à Guillotin, près du village du Vaubossard, très impressionnant par sa stature (une circonférence de près de 10m !). La légende raconte que l’abbé de la paroisse Pierre-Paul Guillotin, né en 1750 et décédé en 1814, se réfugia à l’intérieur du tronc de ce chêne pendant la révolution en 1791, afin d’échapper à ses poursuivants. Des araignées géantes se mirent alors à tisser une grande toile ; ce qui le dissimula aux yeux de ces derniers.

Les photos 1 et 2 sont celles du chêne de Guillotin, la troisième est celui de chênes de dimensions plus modestes typques des bocages bretons. plantés en bordure d’anciens champs. Sur la photo 3, on voit que ces chênes sont émondés sur les troncs, ce qui leur donne un aspect tout à fait particulier à ces paysages. Sur cette photo, un if a poussé contre un vieux chêne.

Je suis allée voir la fontaine de Jouvence, aujourd’hui modeste trou d’eau très piétiné. L’origine de cette légende vient d’une coutume locale. Autrefois, le recensement des enfants nés pendant l’année se faisait proche des fontaines. A la date du solstice d’été (21 juin), ces enfants étaient présentés aux grands prêtres afin qu’ils puissent être lavés et inscrits sur le “marith” (registre). La cérémonie avait lieu la nuit. De grands feux étaient allumés pour qu’ils n’aient pas à souffrir de la fraîcheur. Les enfants qui n’avaient pu être présentés au recensement de l’année étaient ramenés l’année suivante, et alors inscrits comme nouveaux-nés de la nouvelle année, de sorte qu’ils se trouvaient rajeunis d’un an sur le marith. D’où ces croyances populaires de rajeunissement !

Le Tombeau de Merlin, un peu plus loin (photo 2), paré de quelques grigris défraichis (photo 3). Cette pierre est ce qui reste d’une tombe celte, dont les environs sont riches (photo 1).

Le camp militaire de Coëtquidan

Situé au Sud de la forêt de Paimpont – Brocéliande, entre Ille et Vilaine et Morbihan, et plus précisément entre la vallée de l’Oyon à l’Ouest et la Vallée de l’Aff à l’Est, le camp national militaire présente une superficie de 5253 hectares. Son emprise s’étend sur 6 communes : Guer, Saint-Malo de Beignon, Beignon, Campénéac, Augan et Porcaro, et dont les habitants ont été expropriés et relogés autour de 1873.

La création du camp de Coëtquidan est la conséquence de la défaite française de la guerre de 1870, qui a été attribuée au manque d’instruction et d’entraînement des soldats en artillerie.  A l’époque, seul le camp de Châlons existait. Les landes de Coëtquidan, communales en grande partie, et non habitées furent donc louées de 1873 à 1878 pour l’entrainement au tir d’artillerie.

Ce camp devint permanent à partir de 1879, et s’agrandit à 1063 ha par expropriations des terres médiocres, non habitées, sur une vingtaine d’années. A partir de 1906, le camp s’agrandit encore pour atteindre entre 1906 et 1914, atteignant 5063 ha suite à de multiples commissions d’étude menées par le ministère de la guerre.

Les forêts spontanées du camp de Coëtquidan

Vue d’un ancien champ transformée en une zone humide inondée et gelée après les pluies des derniers jours de janvier 2024 suivie d’un coup de froid

La création du camp a laissé une large part à la recolonisation forestière spontanée, sur de vastes surfaces, sur plus d’une centaine d’années, ce qui est très rare en France. Ces forêts sont peu exploitées encore maintenant, l’Office national des forêts s’efforçant de conserver les habitats qui se sont développés à partir des cultures et des pâtures.

Cette photo est prise à partir des ruines d’un ancien village: la forêt a tout envahi, des murs aux alentours et aux champs. Et cela en 100 ans ! ce qui démontre la vigueur de la forêt lorsque le climat lui est propice et les sols riches (naturellement, mais aussi par les anciennes cultures)

La visite du camp est interdite au public. J’ai eu la chance de la visiter en janvier 2024 accompagnée par Céline Favier, Chargée de Préparation Opérationnelle et Biodiversité, Manon Taudin de l’Office national des forêts et deux naturalistes, Lois Morel, maitre de Conférence en écologie à l’institut Agro Rennes Angers, et  et Régis Morel de l’association Bretagne vivante. Ce qui m’intéressait dans cette visite était d’observer d’une part les paysages forestiers nouveaux qui avaient reconquis leur place à partir de sites fortement humanisés, et d’autre part la place de l’if dans ces forêts nouvelles. Cette espèce, en fort déclin depuis des siècles dans toute l’Europe, pouvait trouver ici des conditions propices à son développement, car les sols sont riches et le climat atlantique lui convient bien.

Dans le village de Guillerien, les ruines sont entourées par la forêt. La visite en janvier 2024 sous un beau soleil hivernal était superbe.

Les murs de ce village sotn parfois colonisés par le laurier (Laurus nobilis), une espèce exotique sans doute plantée dans les jardins. Ces lauriers ont été dégagés par l’ONF, pour une visite autorisée au public en septembre 2023, mais il en reste quelques uns sur les murs.
Un ancien four àpain entouré d’ifs. Autour, une maison en ruine
Vieux four envahi par la végétation

Les ifs sont rares dans le camp à l’état ensauvagé, malgré une forte présence de vieux individus qui ont été plantés dans le passé autour des fours à pain et des anciens chemins. Ces plantations peuvent avoir eu plusieurs utilités (besoin de bois), ou etre symboliques, par superstition, nul ne le sait. En revanche, nous n’avons trouvé que peu de jeunes ifs sauf sur quelques murs ou réfugiés au pied des troncs des chênes.

deux ifs entourant un four à pain
ancien four à pain

Les châteaux du camp de Coëtquidan

Aujourd’hui en ruines, le château du Bois du Loup est la propriété de l’État depuis le 1er juin 1911. Il avait été construit de 1871 à 1874 par le comte Roland des Clos de la Fonchais. Les travaux avaient commencé 2 ans avant le début de l’installation du camp militaire. Sa veuve, née Blanche le Mintier de Léhélec, y est décédée le 24 décembre 1910 ; l’année même de son expropriation. On trouve des ifs tout autour avec du fragon (Ruscus aculeatus). Ce château a été habité et entretenu par l’autorité militaire française de juin 1911 à juin 1940. Pendant l’occupation, jusqu’en juin 1944, les Allemands délaissèrent le château ; ils manœuvraient surtout aux alentours. Les Américains, qui ont occupé le camp par la suite, se sont exercés à tirer sur les murs ce qui explique en partie son aspect actuel car il n’a plus été réhabilité !!!

Ci-dessous les environs du château du bois au loup, où les ifs s’étendent avec les fragons (Ruscus aculeatus)

Il y avait un autre château à l’intérieur du camp, détruit au XVIIe siècle, et dont les pierres ont servi à construire les villages alentour. Les photos ci-dessous ont été prises dans les anciennes douves, à présent colmatées.

Une friche riche en ifs dans la vallée du Canut

Régis Morel (Association Bretagne vivante) a découvert une population d’ifs, évoluant parmi des aulnes, frênes et chênes dans la vallée du Canut en Ille-et-Vilaine. Cette jeune forêt est totalement spontanée, s’étant développée à partir des arbres des bocages. En effet, cette vallée, comme beaucoup d’autres en Bretagne, est en déprise agricole depuis les années 1950, et la forêt est revenue naturellement. Une grande partie est propriété du département et des communes. Ce site a été classé Natura 2000 en raison de la richesse de ses habitats.

Ci-dessous : les photos 1 et 2 montrent l’évolution des paysages de bocage après 70 ans d’abandon; la photo 3 les ifs qui grandissent dans ces zones en déprise. Les prairies sont actuellement fauchées. (Photos Régis Morel)

Le département concentre ses efforts sur les landes et les prairies, et fort heureusement, il y a peu d’interventions sur les zones boisées. L’if s’y développe de manière très vigoureuse.

Les paysages de cette nature ensauvagée sont remarquables, surtout en cette période pluvieuse du mois de janvier 2024 où les cours d’eau débordent.

Côtes d’Armor : la forêt de Beffou

Carte de Cassini (18e siècle) montrant la forêt de Beffou

Cette forêt de 600 ha est célèbre pour sa densité en ifs, une des plus fortes de France. Il s’agit d’une forêt ancienne, comme celle de Paimpont (c’est-à-dire qu’elle existe depuis plus de 250 ans, à la différence des forêts récentes issues de la déprise agricole). On peut supposer que plusieurs facteurs ont joué pour la préservation de cette espèce: les carctéristiques de sol riche en bases, une altitude relativement importante (304m pour le point le plus élevé), une pluviométrie élevée (plus de 1000 mm par an), grande richesse en sources et suintements, des pratiques traditionnelles de plantations dur les chemins, et plus récemment, une protection de l’espèce. Actuellement, les forestiers respectent l’if, qui est très présent dans certaines parties (surtout à l’Est).

Hêtraie avec sous-bois dense d’ifs.

La partie Est de la forêt est très riche en mousses et en fougères qui s’accrochent aux branches (on parle d’épiphytisme), toujours grâce à cette forte humidité de la région.

Ci-dessous : partie ensauvagée, protégée, de la forêt de Beffou, avec ifs plantés sur les anciens chemins;

Il existe un if aux voeux dans cette forêt, mais je ne l’ai pas retrouvé ! ci cessous une photo prise sur Internet.

L’if aux voeux (Internet) mais plus personne ne semble le connaitre !
Cet if a été photographié à le Guer, Saint-Gilles-Vieux-Marché: il évolue également en ambiance très humide. Photo Yannick Morhan

Les forêts côtières de la baie de la Freynaye

A proximité du cap Fréhel, entre le fort La Latte et Port à la Duc, se trouve une jolie baie dont tout un pan de falaise est resté forestier. Cette forêt côtière est très humide, et dominée par le chêne et le frêne, et des sous-bois denses riches en lianes.

Quelques autres belles découvertes de la Bretagne

Les vieux arbres plantés. Les ifs millénaires des cimetières : des individus d’exception qui font partie du patrimoine de la Bretagne

La Bretagne est aussi riche en très vieux arbres : châtaigniers, chênes et ifs, qui sont répertoriés par des associations locales. Ci-dessous quelques beaux arbres du mont Dol (photo 1). (photo 2: un chêne, photo 4 un châtaignier)

Les enclos paroissiaux

L’if revêt une valeur sacrée et symbolique (en tant qu’arbre de l’éternité) qui a traversé les millénaires et ce dans toute son leur aire de distribution, de l’Angleterre à l’Asie occidentale. Pour la France, c’est la Bretagne et la Normandie qui ont conservé les individus les plus vieux, autour des chapelles.

En Bretagne, beaucoup de ces vieux ifs ont été détruits en Ille et Villaine sur ordre de l’évêque Pierre Cornulier qui les fit abattre au début du XVIIe siècle. Pour en découvrir, il faut aller en Côtes d’Armor. Les plus anciens sont respectivement ceux de Pommerit le Vicomte, Saint-Maudez, Yvignac la tour et St Lormel. Ces arbres ont reçu le lable national “A.R.B.R.E.S“.

Pommerit-le-Vicomte

On voit sur ce très vieil if (photo2) apparaitre un nouveau tronc dans le tronc creux, issu d’axes qui naissent sur ses bords. Sur la troisième photo, du cambium a entouré le vieux troncc; Deux manières de survivre au temps.

Saint Maudez

Yvignac

Ce vieux tronc creux comporte lui aussi des troncs à l’intérieur, qui forme de véritables clones dans la couronne. A ses pieds a été enterré en 1794 le recteur Guillaume Gauvin dé éxé dans un village voisin où il s’était réfugie durant la Révolution.

Kergrist-Moëllou (Côtes d’Armor)

L’if est un des plus imposants de Bretagne, et sans doute un des plus vieux de la région.

Le magnifique calvaire fut construit en 1578 par le maître d’oeuvre Guillaume Jézéquel à la demande, dit la légende, du Baron de Pont-l’Abbé dont la fille Léna, mourante, guérit après un pèlerinage de son père en l’Église de Moëlou

Gouarec (Côtes d’Armor)

Le symbole funéraire est très fort pour cet if, il est placé à côté de l’ossuaire et entouré de tombes anciennes et récentes

Le Mont St Michel

Tout le monde connait le mont Saint Michel, tout proche de la Bretagne, dans une vaste anse de la Normandie. Ce célèbre îlot rocheux consacré à Saint Michel situé à l’est de l’embouchure du Couesnon quil se jette dans la Manche. Pointement granitique d’environ 960 mètres de circonférence, cet îlot s’élève au-dessus d’une plaine à 92 mètres d’altitude. Cet îlot est constitué de granite émergeant d’une vaste surface de schiste. Il a été mis en relief par l’érosion. Les hommes y ont construit l’abbaye de St Michel. Tout autour s’étend une vaste baie balayée par les flux et reflux des marées. L’amplitude exceptionnelle des marées (marnage de 14m en vives-eaux) et l’immensité de l’estran (250 km2 ) font de la baie du Mont-Saint-Michel un des rares exemples dans le monde d’un système hydro-sédimentaire évoluant en régime mégatidal (autre terme désignant l’amplitude des marées la plus forte au monde).

Le mont St Michel et l’îlot de Tombelaine apparaissent très isolés dans l’immense baie

Ce paysage unique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

Ci-dessous des paysages moins connus de la baie du Mont St Michel: les photos 1 et 2 montre les derniers méandres dans la partie salée, pâturée, nommée “les herbus”. Sur la photo 3, le paysage est celui de vasières, situées en fond de la baie St Michel.

L’histoire complexe du Mont St Michel (-cf Wikipedia !) a inspiré les auteurs et peintres romantiques. En voici quelques représentations (cf Wikipedia)

Photo 1: Edward William Cooke(1831, Victoria and Albert Museum). Photo 2: Jean-Jacques Monanteuil :(sans date, musée d’Art et d’Histoire de Lisieux) Photo 3: Vue du Mont St Michel, gravure de Thomas Drake, 1856, Album vendéen.

La baie reste dangereuse pour les imprudents.Le dernier noyé dans la vase remonte à 1948 et est représenté au musée du Mont St Michel. Mais tous les ans, parait il, des personnes sont secourues par l’hélicoptère lors de la marée montante.

Le pont de l’ile de St Michel a été réhabilité récemment (avant il était relié à la terre par une terre artificielle. La photo 1 montre cette digue, qui ne laissait circuler l’eau librement aux marées hautes. Les photos 2 et 3 montrent l’aménagement actuel, bien plus proche de la réalité écologique.

Quelques boisements résiduels (chêne et frêne??) couverts de lierre subsistent sur le mont St Michel.

Qu’est-il de Tombelaine, l’autre îlot de la baie ?

Apparemment il est boisé, mais inaccessible sans guide et bateau

Selon Sylvain Diquelou : “Tombelaine est propriété du Conservatoire du littoral depuis 2011. En tant que troisième colonie reproductrice d’oiseaux marins en Normandie, elle a longtemps été gérée par le Groupe ornithologique normand. Depuis 2022, c’est le Syndicat Mixte Espaces Littoraux de la Manche (SyMEL) qui en assure la gestion. L’accès à l’île est fermé à certaines périodes pour éviter le dérangement de l’avifaune (15 mars au 31 juillet, voire plus tard). En tout cas guide obligatoire pour passer les bancs de sables mouvants à la position très variable d’une tempête à l’autre ; il y a plus de 6 km de traversée (ligne droite impossible).

Il y a quelques années, Michel Provost y était retourné pour voir l’évolution des pelouses silicicoles. Il m’avait décrit une végétation profondément eutrophisée par les déjections des oiseaux.”

La région de Carnac

Les alignements mégalithiques

Autre site réhabilité , celui des célèbres alignements de Carnac, protégés des piétinements des visiteurs par des grillages. La lande à ajonc est revenue, mais est pâturée par des moutons pour éviter que les menhirs disparaissent sous la végétation ! Un des plus beaux sites de la Bretagne préhistorique.

St Colomban

Ce moine irlandais a joué un rôle majeur dans la christianisation de l’Europe au VIe siècle. Il aurait débarqué sur cette plage (appelée plage de St Colomban) avec quelques autres moines. Sa présence dans ce secteur est restée dans les mémoires; une chapelle lui a été consacrée, et une fontaine miraculeuse.

Ci-dessous les renseignements sur cette belle chapelle. On trouve plusieurs représentations, parfois récentes, de ce saint, en sculpture et en peinture

La fontaine de Saint-Colomban (photo 1) est un un site classé depuis 1966 puis 1978 au titre des monuments historiques. Il s’agit d’un bassin et d’une niche en granite qui devait abriter à l’origine une statue du saint. Une statue récente (photo 2) y a été apposée. L’eau de la source devait servir aux ablutions des fidèles. Le deuxième bassin a été utilisé comme lavoir. A côté de l’édifice, subsiste un vieux lavoir (photo 3)

Et pour finir, une pensée pour l’écrivain François René de Chateaubriand

statue de Chateaubriand (cf explications ci-dessous) devant le sévère château médiéval de Combour

Ci-dessous: la baie de St Malo, ville natale de l’écrivain, avec début de la presqu’ile de Grand bé, accessible à marée basse.. Le tombeau est classé au titre des monuments historiques depuis 1954. 

En conclusion

La Bretagne est surtout citée pour la beauté de ses côtes et la valeur patrimoniale des landes, qui ont été fortement réduites depuis les années 1960. Actuellement, ces paysages remarquables sont protégés par Natura 2000 et autres titres de protection. En revanche, l’originalité et la valeur écologique des forêts, qu’elles soient anciennes ou récentes est moins connue à l’exception des scientifiques et naturalistes locaux. On pourrait espérer qu’elles continuent à s’étendre de manière spontanée, et qu’on évite d’y planter résineux ou autres espèces marchandes qui altèrent sols et paysages.

Remerciements

Mes visites dans les forêts de Bretagne n’auraient pu se faire sans l’aide amicale de Lois Morel, Céline Favier, Régis Favier et Bernard Clément, Manon Taudin que je remercie ici très chaleureusement. je remercie également Mikael Jezegou et Yannick Morhan pour leurs précieuses indications sur les ifs des cimetières et ses photos. Un grand merci à Damien Saraceni pour la relecture des textes.

Quelques références

A. Horel 1963 Forêts bretonnes bulletin trimestriel pour la société d’étude et la protection de la nature en Bretagne Pen ar Bed, 35, 4, 97-101

L’histoire de ces expropriations est décrite sur le site Camp de Coëtquidan : création, extension, expropriations

https://www.guer-coetquidan-broceliande.fr › camp_vill

Jezegou M. Arbres remarquables de Bretagne. Les ifs du Kreiz-Breizh Armen 246

Lam R. et Géhu J. (1963). La forêt de Beffou et ses Ifs.

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