Des ossements humains trouvés dans une grotte du Gard

Cette grotte, dénommée Grotte Calisto, est située dans le massif calcaire situé au nord d’Alès, dans le Gard. On y accède par un chemin abandonné par l’agriculture depuis des décennies. Ce chemin concentre aussi les eaux des pluies d’automne et de printemps.

Une jeune forêt dense a envahi les anciens champs, donnant une délicieuse impression de nature ensauvagée. L’ambiance y est déjà !

Les anciens murets construits sont encore visibles sur les bords du chemin

La cavité a été découverte le vendredi 28 janvier 2019 par un membre de la Société Cévenole de Spéléologie et de Préhistoire d’Alès. D’autres membres de cette association ont précisé la localisation, l’ont photographiée, topographiée et rapidement signalée au Service Régional de l’Archéologie d’Occitanie à la DRAC de Montpellier.

J’ai pu visiter ce site le 3 mars 2021 grâce à l’accompagnement d’un membre du club. Mon guide a déplacé les quelques pierres remises en place à dessein pour cacher l’entrée, afin de pouvoir pénétrer dans la grotte.

Après le passage étroit d’entrée, on y descend 6 ou 7m sur un éboulis d’origine naturelle.

On accède à deux salles successives, la deuxième étant à la fois la plus profonde et la plus basse, avec un plafond ne dépassant guère 1 m de hauteur. On dérange une chauve-souris prenant du repos dans la première salle. Un peu plus loin, des racines d’arbousier tentent de trouver un peu d’eau sur les parois de la grotte.

Les vestiges archéologiques observés sont un mur construit entre les deux salles, et des ossements humains dans les deux salles, mais l’âge de ces ossements n’est pas le même.

Dans la salle terminale, la plus profonde, se trouve un crâne à demi ouvert, concrétionné car posé sous une stalactite qui coule goutte à goutte. Retourné sciemment par des hommes, il est rempli d’eau. La langue de calcite qui s’en échappe témoigne de son ancienneté. Une petite excavation est aussi visible dans le sol de cette salle riche en argile. Il est possible qu’il s’agisse d’un site où les hommes prélevaient de l’argile, peut-être pour accéder à un point d’eau en profondeur.

Le crâne retourné servait-il de vase pour recueillir l’eau percolant de la voûte ?

L’époque pourrait être le Néolithique au vu du concrétionnement du crâne.

Ci-dessous : le mur néolithique à gauche, et à droite, des traces de prélèvement d’argile.

Des restes humains bien plus récents ont aussi été observés dans la salle plus proche de la surface ; ils ont ensuite diffusé vers le bas par gravité. Ainsi, on peut apercevoir un deuxième crâne humain sous des blocs, à côté d’un fémur. Un tibia est également visible sur le côté gauche de la salle, concrétionné, sous un bloc rocheux.

Ces éléments osseux paraissent appartenir à au moins deux individus adultes. Aucun élément de datation n’est associé à ces pièces, mais ils sont en bon état de conservation et partiellement pris dans la partie supérieure de l’éboulis, ce qui, dans le schéma de comblement du site, leur donne une ancienneté relative. On estime en effet que la fermeture de la grotte est liée à la construction des terrasses de culture, au début de l’époque moderne, entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Peut-être s’agit-il d’un meurtre qui a décidé de la fermeture de la grotte à cette époque ? sans analyses des ossements, il est impossible d’en dire davantage, sur leurs propriétaires et sur l’histoire du site.

La spéléologie réserve bien des surprises passionnantes !

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