Le Massif du Donon : histoire naturelle et humaine

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Un vieux sentier du massif du Donon, Hautes Vosges

Présentation du site du Donon

J’ai choisi de commencer par ce site des Hautes Vosges gréseuses pour une caractéristique simple : l’absence d’habitations dans un vaste ensemble forestier de moyenne altitude (entre 450-500 et 1000 m), couvrant globalement 200 km².

Sa forme est globalement allongée. Elle est limitée au nord par Dabo et au Sud par le Donon. La limite sud /sud ouest correspond à la vallée de la Sarre blanche, au sud par les hauteurs nord de vallée de la Bruche ; la limite Est correspond aux montagnes proches des villages de Wangenbourg-Engenthal, Oberhaslach. Ces territoires sont pour l’essentiel domaniaux (Abreschwiller, Walscheid, st Quirin, Dabo, Engenthal, Oberhaslach, Lutzelhouse).

Géomorphologie et géologie

Rochers du Feuerstein

Les grès

Les grès sont des sables cimentés qui se sont déposés il y a plus de 250 millions d’années dans le centre de l’Europe. Les grès vosgiens sont mis en place sous un climat chaud et sec, dans un entrelacs de bras constituant un ensemble fluviatile. Ils sont particulièrement bien visibles dans cette partie des Vosges gréseuses septentrionales. On y distingue des bancs minces souvent horizontaux ou inclinés, résultant du débordement des chenaux lors des crues, parfois entremêlés de dépôts d’origine éolienne formant dunes.

Au-dessus de cette couche géologique apparait, sur certains sommets, le Conglomérat principal aussi connu sous le nom de Poudingue de Sainte-Odile. Ce conglomérat est, de loin, le plus important d’Europe par son extension horizontale. Il est issu de dépôts de galets et graviers grossiers témoignant d’une augmentation de la compétence des rivières. Les galets très nombreux qui le constituent sont exclusivement siliceux (quartz, quartzites). Leur grande usure témoigne d’un long trajet montrent une usure exceptionnellement élevée pour un dépôt fluviatile, depuis l’Ouest de la France.

Les Couches intermédiaires apparaissent au-dessus du Conglomérat. On y voit l’influence d’une remontée du niveau de base, qui serait la première manifestation de l’avancée de la mer.

Les géoformes dans les grès

Géoforme à Canceley

Les sommets sont plutôt aplanis, les versants très raides et les fonds de vallons profonds, parfois parcourus par des rivières et affluents d’orientations diverses, soit Est-Ouest (Sarre rouge), soit nord-sud (Zorn ; affluents de la Bruche), soit est-ouest (Hasel).

La plupart des sommets sont constitués de grès ; certains sont recouverts de Conglomérat, dont les surfaces varient grandement : entre 12 et 80 ha (Haut de Vac (0.783 km²) ; Michelsberg-Langwand (0.228 km²), Rosskopf (0.200 km²), Gros sapin (0,166 km²), Petit Rommelstein (0.151 km²), pointe du Peugstein (0.147 km²) Noll (0.124 km²)

Entre 2 et 8 ha ( Baerenberg (82 000 m²), Wetzloch (78 000 m²), Eichelkopf (68420 m²), Urstein (50 000 m²), Grossmann (32 000 m²), Schneeberg (30 000 m²), Bourguignon (18 000 m²), tête de Fresilon (15 000 m²), Feuerstein (20 000 et 14 000 m²), Narion, bien plus modeste (12 000 m²), Calice (16 000 m²), Haut Rognol (10 000 m²),

Moins de 10 000 m² : Tête Gorge aux Sangliers (5000 m²), Malcôte (5000 m²), Kohlberg (4000 m²), Main de Fer (1300 m²), Canceley (780 m²), Ringelsberg (6300 m²), Grand Ringelsberg (1000 m²), rocher de Mutzig (2100 m²), Hengst (7000 m²).

D’autres sommets présentent une couche de grès intermédiaire, reposant sur une couche de Conglomérat. Les surfaces de grès intermédiaires sont particulièrement développées sur les marges du site : Glueckelsberg (0.436 km²), Belle Roche (0.300 km²), Rosskopf (0.213 km²) Haut de Vac (0.180 km²); Grand Rommelstein (0.100 km²), Peugstein (incluant 3 grandes parties : 30 000 et 21 000 m², 0.444 km² jusqu’au rocher du Diable) et l’importante étendue entre Martelberg et Hohwalsch d’environ 2 km².

Rocher de Gluesberg

Les séries volcaniques du Permien du Nideck

La « nappe d’ignimbrite principale » du Nideck s’étend sur 35 kilomètres carrés. Elle se continue sous le Donon dans la forêt de Lutzelhouse, sous la crête de grès du Narion/rocher de Mutzig.

Du bas du vallon de l’Hintersteinbaechel, affleurent des schistes rouge violacés à verdâtres du Dévonien. C’est un bel exemple de siltite argileuse à débit parallépipédique où la schistosité est verticale. Ceux-ci sont surmontés par l’épaisse série de roches volcaniques datant du Permien, typiques d’appareils volcaniques (dépôts d’éruption de cendres, coulées rhyolitiques, et dépôts de remaniement de pieds de volcan). Les premiers escarpements notamment sont constitués de coulées de cendres chaudes montrant des séquences renfermant des clastes de pierre ponce écrasés interprétés comme ignimbrites. Ces dépôts sont surtout visibles en rive droite du torrent. Les coulées d’ignimbrites présentent par endroit un débit en colonnes prismatiques lié à l’apparition de joints de rétraction lors du refroidissement. La cascade du Nideck se jette du haut d’une muraille de roche volcanique de 25 m de hauteur

Les versants de rhyolithe sont particulièrement abrupts. La rivière du Nideck s’écoule dans une vallée profonde en forme de V.

Pédologie

Dans les formations de grès, les sols sont sableux à sablo-limoneux, parfois caillouteux, très acides et souvent podzolisés (45% de podzols) (lien : Les podzosols sont des sols montrant une migration de constituants organo-métalliques de fer et/ou d’aluminium puis une accumulation de ces particules dans un horizon sous-jacent. Les horizons des podzosols sont très différenciés les uns des autres : on retrouve une couche blanchie/décolorée surmontant un horizon noir et/ou orangé. Les podzosols se forment dans des régions à climat humide. En zone tempérée, les podzols se développent à partir de roches pauvres en cations (sables, grès…).)

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