Une promenade sur le site antique et médiéval de Altdorf, entre Dabo et Walscheid

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Le massif forestier d’Altdorf, délimité par la Zorn blanche et la Zorn jaune, à cheval sur les territoires de Dabo et Walscheid, comprend des vestiges datant de diverses époques. Aucun de ces vestiges n’a fait l’objet de fouilles approfondies, en dehors d’un travail de prospection par l’Inrap en 2004.

Ce texte a été rédigé par Annik Schnitzler et Jean-Marie Holderbach, qui a aussi connu le site dans les années 1980, en prospection avec Eugène Kurz.

L’époque gallo-romaine

Autour du 1er siècle, Altdorf a fait partie de ces milieux relativement inhospitaliers par l’altitude, la rigueur du climat, et le sol peu fertile, étaient habités par des populations démunies rejetées des bonnes terres du plateau lorrain et de la plaine d’Alsace par l’occupant romain. Sur les massifs voisins, on trouve de nombreux vestiges (ruines de bâtiments, murets, talus, sanctuaire). Sur le site même d’Altdorf subsistent les vestiges d’un cimetière qui ne comporte plus que quelques bases de stèles brisées dans un passé lointain et déposées en vrac par les forestiers.

Bases des tombes gallo-romaines, cassées est recouverte de végétation. Un des murs du cimetière est juste derrière
Un dégagement de la base des stèles laisse mieux deviner les dimensions de la tombe

Une stèle votive représentant Mercure est au musée de Metz depuis 1912, elle était en remploi dans le village médiéval disparu (cf ci-dessous). Idem pour une stèle funéraire, actuellement en dépôt au musée de Sarrebourg, où un bout de stèle funéraire a été donné.

Une de ces tombes se trouve à côté de l’église de Dabo

Proche du cimetière, on peut deviner une structure d’habitat qui pourrait être gallo-romaine. Une source maintenant tarie avait été découverte sur la pente.

Le village abandonné d’Altdorf

Ce village a été après une occupation d’au moins 3 siècles, entre le XIVe et la fin du XVIe siècle. Il est encore cité sur la carte du Comté de Dabo au XVIIIe siècle sous le nom d’Oberzorn,  par JD Schoepflin.

Il se situait à moins de 500m au nord de la nécropole gallo-romaine sur le petit col qui sépare le plateau de Oberzorn du sommet de l’Altdorfkopf.

La source

L’accès se fait par le chemin de Melkthal, actuellement abandonné et colonisé par la végétation. Ce chemin inclut deux sources, l’une au début du vallon, qui s’écoule vers la Zorn jaune, et le deuxième plus haut dans le chemin, qui dévale ensuite en partie sur ce chemin.

Le village

Du village lui-même il reste plusieurs structures de bâtiments concentrées sur certaines parties du plateau On voit que les bâtiments ont été réalisés en petits moellons de grès. On y reconnaît  le rez de chaussée construit sur toute sa hauteur en pierre. Des éléments d’architecture, montants de porte et éléments de fenêtres gisent dans les tas de pierre.

Bâtiment du village médiéval
Ce bâtiment a été construit au-dessus d’une source, aujourd’hui tarie. Il est particulièrement grand et semble suspendue au-dessus du chemin creux dessous. En arrière plan, une coupe forestière récente menace le site.

Certains éléments des établissements gallo-romains de l’Altdorf ont été retrouvés parmi les pierriers. Ils avaient probablement été récupérés par les habitants du village. Retrouvés au début du XXe siècle dan,s les ruines du village, ils sont conservés au musée de Metz et de Sarrebourg.

Des terrons de verre et des fragments de poterie ont également été trouvés autour des maisons et confiés au musée de Sarrebourg.

Dans la forêt subsiste également un parcellaire fossile avec plusieurs terrasses de culture. On trouve également en forêt des amas de pierres proches de la grotte de Herrenfels.

La terrasse encore visible à gauche délimite un espace de culture, qui disparait aujourd’hui sous la forêt

La grotte de Herrenfels

Cette grotte servait du temps de la Révolution française de lieu de culte. Est-ce à cause de cela que l’intérieur de la grotte a été taillée ? Actuellement, on y a posé une croix et mis un mur de pierres. Je n’ai guère plus de renseignements sur l’histoire de ce lieu, sauf celle du curé qui y officiait durant la Révolution. Dénoncé par un habitant de Dabo, il a fait de la prison, mais n’a pas été exécuté.

Derrière ce mur se trouve un abri creusé dans la roche
Intérieur de l’abri avec crucifix (récent)

Les menaces sur le site

Les menaces sur le site sont sérieuses: dégradations de la grotte, fouilles sur les bâtiments, et sylviculture intensive qui ne prend pas garde aux vestiges. Des chemins sont creusés par les tracteurs puissants, qui abiment les sols et peuvent détruire des vestiges historiques ou antiques.

En conclusion

Les Hautes Vosges gréseuses sont pleines de surprises archéologiques, souvent enfouies sous le sol forestier. Il faut pour les exhumer parcourir les travaux d’archéologie souvent amateurs qu’on peut trouver dans les bulletins des sociétés savantes… ou fréquenter ceux qui comme Jean Marie Holderbach, ont arpenté durant des décennies les chemins des Vosges.

Références

  • MEYER N. AVEC LA COLLAB. DE GOUBET F., LE SAINTQUINIO T., NICLOT P., ROHMER P., 2004, Dabo Altdorf (Site n° 57 163 003 AH-Moselle). Document final de synthèse.
  • Sondages programmés et prospection thématique consécutifs à la tempête de décembre 1999 (Automne 2001 et printemps 2003), Sarrebourg, 2003, 25 p.

Cette publication a un commentaire

  1. Guillaume

    Bonjour, de visite sur le site situé sur le plateau bien visible de Dabo, entre les deux mamelons qui le cernent, en mai 2023, j’ai pu constater qu’il à été malheureusement intégralement rasé. Il ne reste que deux amas de pierres entourés de rubalise. On voit encore quelques jambages et linteaux, mais tout à été rasé, et les arbres déssouchés à la pelleteuse. Les souches ont été rassemblées en grandes lignes, l’ensemble est clôturé et des piquets sont placés pour indiquer les futurs plants. C’est triste, mais il ne reste absolument rien à voir et les tumulus gallo romains situés un peu plus en hauteur au sud sont tout ce qui reste, dans une hêtraie elle même non ménagée…

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