Vestiges archéologiques des forêts entre Saverne et Dabo

Ces quelques sorties sont situées à l’Est de Garrebourg. Ces sommets gréseux sont riches en vestiges archéologiques gallo-romains, datant du IIIe siècle. En voici une ancienne carte.

Ce plan montre l’importance des zones habitées à l’époque gallo-romaine dans cette petite région juste au sud de Saverne

Le Wasserwald

Un compte-rendu de ce site gallo-romain des sommets vosgiens est publié dans l’Encyclopédie d’Alsace (Pétry 1983), dont voici un résumé.

Le Wasserwald se situe dans la commmune de Heagen, à 10 km à l’ouest de Saverne. Ces vestiges d’une agglomération gallo-romaine étaient connus au 19e siècle, mais les fouilles n’ont débuté qu’en 1971 par la Direction des Antiquités Historiques d’Alsace par François Pétry.

Une partie centrale de ce site était constitué d’enclos de quelques dizaines d’ares comprenant diverses exploitations ainsi qu’un sanctuaire et les nécropoles. Tout autour dans la partie Ouest, les champs extérieurs atteignaient 1 à 2 ha. Les bâtisseurs n’utilisaient ni mortier, ni béton, et les tuiles étaient inconnues. Le sanctuaire comprenait une aire sacrée (le téménos, constitué par un quadrilatère de 30 à 33m de côté; la chapelle (cella) occupait un des angles de cette aire. Il existait aussi de petits points de culte privés à l’intérieur des enclos de propriété, avec une colonne du dieu cavalier à l’anguipède qui intervenait sur les phénomènes météorologiques.

Tous les objets et stèles trouvées à Wasserwald se trouvent au musée de Saverne.

Ci-dessous, un plan de ce site (Jean Marie Holderbach)

Ci-dessous: quelques illustrations du site de Wasserwald : chemin principal et sanctuaire

Ce village entretenait de nombreuses relations avec les villages voisins et notamment ceux de la vallée de la Zorn. Des chemins creux ramifiés descendaient en direction de Saverne vers les marché. Ces chemins creux sont encore visibles de nos jours dans les forêts, comme le montre cette photo prise en lumière rasante, entre Wasserwald et vallée de la Zorn (photo Jean-Marie Holderbach).

Sur cette photo prise en lumière rasante, les chemins menant dans la vallée de la Zorn à partir de Wasserwald sont bien visibles. Photo Jean Marie Holderbach

Les sites du Tiergarten-Ditschelkopf et Diebsberg

Le site du Tiergarten fait partie des cinq sites gallo-romains découverts au XIXe siècle sur les hauteurs du Baerenbach, de part et d’autre de la limite départementale du Bas-Rhin avec la Moselle, sur les hauteurs des reliefs, au-dessus des barres rocheuses. La superficie totale est d’environ 70 ha.

Pour y accéder, nous partons de la maison forestière de Kreutzkopf puis rentrons dans la forêt au sud du lieu-dit Tiergarten. Découvert en 1858 par Alfred Goldenberg, les vestiges gallo-romains ont été déposés au musée de Saverne, mais il reste encore sur les lieux deux stèles cassées, surgissant à peine par-dessus la végétation. Des restes d’un ancien chemin long d’environ un km bordé de murs en pierre sèche, parfois d’un muret, constituent l’axe central du hameau. De part et d’autre de ce chemin se trouvent des murs effondrés en pierres sèches et des terrassent, cloisonnant l’espace en enclos.

L’ensemble n’a pas été fouillé de manière systématique, mais on peut reconstituer l’ensemble à partir des données recueillies par les fouilles du Wasserwald, village gallo-romain proche et très bien étudié par François Pétry et son équipe. Le site de Tiergarten comportait des bâtiments en bois reposant sur des murs en pierre d’environ un mètre de haut. Ci-dessous le plan effectué en 2013 par les archéologues. Les photos qui suivent correspondent à la partie sous le chemin du Tiergarten.

Ci-dessous : dans la forêt, le chemin gallo-romain est bien imprimé dans la forêt sour forme d’amas de pierres longeant le chemin actuel. Des monticules et autres vestiges parsèment ce plateau, qui ressemble fort à celui du site gallo-romain du Wasserwald avant les fouilles archéologiques des années 1970.

Ci-dessous : traces de stries dues au passage d’une charrue gallo-romaine sur ce site qui était alors un champ.

Stries aratoires

Ci-dessous : Ces trois stèles trouvées sur place, ont évolué avec les habitats gallo romains, qui copient de plus en plus les demeures romaines.

Voici ce qu’on peut voir au musée de Saverne trouvé sur ce lieu et à proximité :

La source Kessel

Un peu plus loin que ce site gallo-romain, nous arrivons à la source Kessel, où on a également trouvé des vestiges romains. Cette source a été aménagée avec vasque et plus récemment, un petit mur qui fait barrage. À côté des ruines de bergeries non datées. La stèle qui se trouvait à proximité a disparu.

Petit vallon humide avec la source Kessel, qui paraît-il fait naître des feux follets ! Il paraît que les habitants du village venaient les voir, m’a dit une promeneuse de Garrebourg.

Ci-dessous: source avec construction de pierre

A côté de la source : vestiges d’une bergerie non datée avec le plan (Jean Marie Holderbach)

Le lieu-dit Diebsberg

A proximité du Tiergarten, le lieu-dit Diebsberg comporte également de nombreux amas de pierre (rottl) qui pourraient avoir été amassées à l’époque gallo-romaine, afin d’épierrer le sommet et le cultiver.

Ce même site comporte quelques cupules sans doute surcreusées par l’homme au dire du géologue Philippe Duringer. Photo 3 : cette pierre trouvée au bord du chemin sur ce sommet a été taillée pour en faire une meule (cf Jean Marie Holderbach).

Ditschelkopf

Cet autre sommet proche du Diesberg est actuellement déboisé car une ligne électrique le traverse. Sur le tas de pierre sous le sommet apparaît une petite source enfouie dans la végétation, sous un rocher. On voit que la base de la source a été aménagée par un rebord en grès à une date inconnue.

En aval de la source, début de ruisseau

Conclusion

Cette partie des Vosges proches de Saverne sont d’une grande richesse archéologique et historique, qui mériterait des recherches approfondies, comme celles qui ont eu lieu au Wasserwald.

Remerciements

Un grand merci à Jean Marie Holderbach qui m’a guidée lors de ces sorties, et à Damien Saraceni pour la relecture du texte.

Laisser un commentaire